Un petit coup de folie nous a poussés à quitter la Macédoine, traverser le nord de la Grèce avec un joli stop à Thessalonique et rejoindre finalement la Turquie.
Attendez-vous à être étonné par les bus turcs ! Ils sont neufs, grands, et les Stewards serviables vous y proposent thé, café, eau fraîche et douceurs sucrées. Vous partez à l'heure et arrivez à l'heure dans les Otogars neufs et imposants aux abords des villes. De là, un taxi ou un "dolmus" (minibus) vous attend pour vous conduire gratuitement au centre de la ville.
Lorsque vous réservez vos places de bus, vous indiquez si vous êtes une femme ou un homme. Votre siège sera ainsi maquillé en rose ou bleu sur le site Internet et vous n'aurez personne de l'autre sexe à vos côtés lors du voyage.
Nous avons profité de la traversée des Dardanelles pour explorer la ville de Canakkale et son port orné du cheval de Troy offert par Brad Pitt : il s'agit en effet de la ville la plus proche de l'ancienne ville de Troy.
Puis nous sommes remontés dans un minibus : ceux-ci comptent une dizaine de places, on y paye le chauffeur de la main à la main et pour ne surtout oublier personne ce dernier klaxonnera sur le trajet tous les piétons ! Nous poussons jusqu’à Kücükuyu pour planter notre tente dans un camping en bord de mer loin du tumulte des villes.
Changement de décors : la mégalopole d’Izmir
Arrive alors la mégalopole d’Izmir avec ses buildings, son port, ses mosquées en travaux, ses ruelles vivantes de bars et de boutiques et ses quartiers plus pauvres sur les collines.
Ahuris aux fenêtres du bus, défilent devant nous des ports avalant les cargots, des usines crachant de la fumée, des champs d’éoliennes, des infrastructures routières à perte de vue. L’Ouest de la Turquie est développé... impressionnant pour nous après avoir passé tant de mois dans les Balkans aux pays plus modestes.
On se surprend à comparer ce pays au nôtre en sirotant un thé sur une terrasse cosy... avant de discuter avec des locaux pour réaliser ce qui s’y passe. Le gouvernement Erdogan prive progressivement le peuple des libertés essentielles et fait planer la crainte du lendemain. En Turquie, votre nom peut apparaître sur une liste noire si vous manifestez, signez une pétition pour le droit des femmes, enseignez certains sujets à l'école... Et soudain, tous vos droits disparaissent, vous perdez votre emploi ainsi que votre passeport et donc votre liberté de mouvement.
Pour aller plus loin
Revue XXI, n°43
Nous y découvrons un hostel accueillant et haut en couleur.
La diversité dans les villes est halucinante : il n'est pas rare de passer d'un quartier européen bourré de bars à des ruelles étroites et grillagées où les femmes sont voilées et derrière les rideaux avec les enfants : ceci ne manque pas de nous rappeller vivement le film "Mustang".
Aujourd'hui à Izmir, c’est le 96ème anniversaire de la libération de la ville. Imaginez une ville, s’offrant le faste d’un 14 juillet rien que pour elle : feux d'artifice et concerts, le tout écrasé par l'armée et sa démonstration aérienne aux couleurs de la Turquie !
De quoi soulever de nombreuses réflexions quant à tous ces contrastes...
Dans chaque ville, les rues principales sont drapées de drapeaux immenses brandissant fièrement le croissant turc ou Attaturk cachant les fenêtres des appartements et claquant au vent. De quoi avoir quelques frissons !
Mais ne vous méprenez pas, on pourrait croire à un élan nationaliste à la vue des drapeaux qui flottent dans toutes les villes... Mais ceux-ci brandissent le portrait d'Attaturk : président (1923 - 1938) ayant rapproché la Turquie de l'Europe, sur de multiples plans, politiques, sociaux et même religieux... Autant dire que la figure actuelle du pouvoir rompt avec cet héritage !