Nous profitons du luxe des bus de nuit pour rejoindre l'Anatolie et sa fameuse région de Cappadoce. Débarqués à cinq heures du matin dans le grand Otogar de Nevsehir, nous marchons, endormis, pour rejoindre notre location dans une maison troglodyte .
Grande animation dans la cour intérieure de la pension : c'est la semaine où l'on prépare le pain (Gözleme) pour les six prochains mois dans le village.
Nous posons nos sacs et Julie est tout de suite intégrée au groupe de boulangères. Sylvain, discret, observe en retrait les rires et confidences des femmes qui se prolongent tard dans la nuit.
Le lendemain matin, au réveil, nous les observons étaler ce mélange plus finement que du papier de cigarettes et le cuire sur le four à bois traditionnel... Avant d'en déguster un farci de légumes ! Un rêve d'histoire et de savoir-faire qui s'achève en embrassade, fous rires sans langue commune et conseils de massages à l'arnica à ces dames répétant les mêmes gestes des centaines de fois chaque jour tout en partageant confidences et histoires du village.
Cette rencontre pleine de vie attise notre curiosité sur cette région. Première ballade et nous avons l'impression d'être en forêt de pierre, à cueillir des yeux les champignons géants, parfois semblables à des bolets ou morilles, ou encore aux amanites phalloïdes de la "love valley",
Nous avons une semaine pour en savoir plus sur ces mystères géologiques ! Mais pas tout seuls : nous avons le plaisir de retrouver Jennifer, ancienne colocataire lyonnaise qui revient d'un long voyage oú elle a traversé la Nouvelle Zélande à pieds et la Mongolie à vélo (!) nous retrouvons sa bonne humeur, son énergie et ses récits de globe trotteuse.
Nous voilà donc ensembles pour la suite de l'exploration en Cappadocce. Perchés au sommet d'une colline dans un camping qui porte bien son nom de "Panorama camping", nous sommes réveillés à cinq heures du matin par un bruit étrange : nous sortons la tête de la tente et découvrons des dizaines de montgolfières en décollage dans la vallée... quelle féérie dans le silence de l'aube.
Chaque matin, plus de 100 ballons s’envolent pour faire découvrir les paysages d’en haut aux touristes. Mais c’est d’en bas que nous restons babas, illuminés par ces lanternes incandescentes et vivantes. C’est magique...
Puis nous partons marcher dans la Rose Valley. Les paysages sont lunaires et nous avons la sensation de marcher dans des dunes de sable dur. Quels mystères géologiques. Et c’est au hasard d’un salon de thé troglodite, accroché à la montagne que nous rencontrons les gérants, Çaglar et Moustafa. Ils nous invitent à rester avec eux trois jours. Quelle rencontre les amis !
Grâce au français impeccable de Moustafa, nous apprenons l’histoire de la Vallée aux Pigeons. Dans les roches, les habitants élevaient ces oiseaux et récoltaient les fientes afin de nourrir les plantes des potagers. Après les parties acharnées de Backgammon au son de l’eau bouillonnant dans le grand Samovar et les dîners sur la terrasse, nous fermons les yeux sous les étoiles, dans les canapés moelleux contre la roche.
Ces quelques jours en leur compagnie auront fini de nous convaincre que les Turcs sont des hôtes merveilleux ! Et nous nous promettons de partir visiter Istanbul tous ensemble la prochaine fois...
