C’est un rêve qui se réalise : monter dans le transsibérien pour parcourir 4000 km à travers la Sibérie et la Transbaïkalie jusqu’au lac Baïkal.
Voyage en transsibérien entre Vladivostok et Irkutsk
Installés en troisième classe, tout confort avec nos draps blancs, un thé bouillant du samovar et nos romans, nous sommes parés pour ce voyage : 3 jours et 3 nuits - 72h sur les rails à travers le plus grand pays du monde. Entre sieste et croquis, nous rencontrons Alexei, capitaine de cargos qui rentre à la maison après deux semaines en mer, transportant du bois vers la Chine ou des voitures du Japon. Ce dernier découvre avec horreur que nous ne connaissions pas Armin van Buren… THE DJ de musique trance. Cela nous vaudra un cours de mixage sur son vieux PC. Inna fait aussi partie du voyage, pétillante, elle nous raconte dans un français impeccable qu’elle a passé un an en Ardèche.
- Où acheter des billets de train pour le transibérien
Les paysages défilent à travers les fenêtres du train, marécageux au départ de Vladivostok, ils deviennent chargés de sapins sombres avant de laisser place à la steppe de la Sibérie où plus rien ne pousse ; pas un animal ne court autour des rares habitations. Villages de bois aux maisons turquoises et bleu indigo, seules tâches de couleur dans la steppe dorée.
Le train devient notre maison réconfortante dans ces paysages puissants et brûlants. La vie du wagon est calme, ponctuée d’arrêts dans des gares seules au monde où quelques femmes déplient leur table pour vendre crêpes au fromage et pelmenies.
Au matin du troisième jour, nous ouvrons le rideau sur un nouveau paysage. Quelques arbres protègent les villages de Transbaïkalie balayés par les vents. Les plaines plates retrouvent du relief, les collines se transforment en montagnes et quelques toits bleus réhaussent les étendues sèches et brûlées encerclant l’immense lac Baïkal. Après quelques heures de cache-cache avec le lac, il est temps pour nous de sortir respirer l’air vif en république de Bouriatie.
Île d’Olkhon sur le Lac Baïkal
Avec ses 636 km de long, le lac Baikal est le plus profond au monde. Il représente à lui seul 80% de la réserve d’eau douce de la Russie, 20% de l’eau douce au monde… Incroyable non ?! Notre lac Léman est 260 fois plus petit et l’on raconte même que s’il était vide, une année ne suffirait pas à le remplir en détournant toutes les rivières du monde.
C’est avec tous ces chiffres disproportionnés en tête que nous grimpons dans un bus déglingué pour rejoindre l’île d’Olkhon. Six heures de course effreinée nous y mènent. Le chauffeur avance, musique à fond, sur les routes accidentées du bord de lac avec pour seul instant de répis, le chargement du bus sur un ferry pour traverser les deux kilomètres d’eau nous séparant des pistes sableuses de l’île.
Nous nous installons dans une auberge surprenante au bord de la falaise et d’un cimetière à bateau. Une multutides de cabanes sont imbriquées dans un dédal de passages terreux. Nous y louons une chambre spartiate avec deux petits lits en bois. Une verrière parée de quelques canapés défoncés nous sépare de la cantine où nous dégustons quelques plats simples russes et faisons la connaissance des rares touristes présents à cette époque de l’année. Et une fois la nuit tombée, Le Café Paris reste l’unique point lumineux à la ronde. Ce lieu exclusivement créé pour les touristes est récent mais nous y trouvons un “je ne sais quoi” de typique avec nos yeux de voyageurs.
Olkhon nous offre des espaces immenses, seuls au monde. Dunes de sable désertiques, forêts de pins aux odeurs résineuses, cimetières de bateaux peints, steppe brûlée broutée par des vaches, chevaux et moutons par centaines, le lac est le poumon de cette île aride. Du haut des falaises, nous le découvrons tel un miroir, reflètant nuages et blocs de glace, souvenir de l’hiver figeant la nature. Nous y ressentons une immensité, une force et une rudesse vivifiante qui donne matière à rêver.
- L’auberge Nikita Bencharov sur l’île d’Olkhon