GEORGIE - Road trip dans le désert de Vashlovani et fabrication de fromage

La Géorgie offre onze climats différents : des plaines tempérées aux montagnes glaciales en passant par les collines tropicales, notre corps encaisse ces changements éprouvants. Ce matin, Piotr nous embarque en Road Trip dans son 4x4 pour deux journées de route à travers le parc national de Vashlovani.

Ici, nous suffoquons avec les températures brûlantes du désert : il y fait plus de 40°C et seuls les pistachiers subsistent à cette chaleur. Le paysage est magistral avec ses strates de sédimentation, ses dunes brûlées et sa rocaille rouge nous faisant voyager dans le temps, à l’époque où la mer recouvrait ce désert aride. L’herbe est ocre, et les chardons bleus sont les uniques touches froides à la ronde. Il fait chaud! Un chaud sec, balayé par le vent qui sèche les yeux, la peau et les ruisseaux. Dans cette fournaise, nos regards sont attirés par les oiseaux qui volent d’un buisson à l’autre avec toute la légèreté que nous n’avons plus.

À la tombée de la nuit, nous installons notre campement au bord de la rivière Alazani pour trouver une température acceptable. Unique point d’eau de ce désert, ce fleuve marque la frontière entre la Géorgie et l’Azerbaïdjan.

4x4 de Piotr

Les dunes cramées par l chaleur du désert de Vashlovani

Montagnes du désert de Vashlovani

Bercés par les flots, nous rêvons de vipères et serpents en tous genres évoqués par les géorgiens, qui, inquiets de notre aventure, ont décrit ce parc comme hostile pour nous dissuader d’y aller. Mais de tous nos kilomètres parcourus, nous ne verrons qu’hirondelles, aigles, guêpiers d’Europe, cigales en mue, oiseaux bleu électrique. Pas un seul reptile n’aura eu le courage d’affronter cette fournaise à notre grand soulagement.

Notre campement dans le désert de Vashlovani

Un chat et un chien s'affrontent dans le désert

Une journée Guet-Apens racontée par Aline

De retour dans la civilisation à Sighnaghi, heureux de pouvoir se reposer après la fournaise de ces deux derniers jours. Mais un nouveau choc culturel nous attend. Par chance, nos amis Aline et Benoît sont là pour le partager : après tout, plus on est de fous… plus on boit ! Aline nous prête sa plume pour un petit aperçu d’une journée typique ici bas.

Aline sur une terrasse avec un verre de vin

« Ce matin du 10 juillet, vers 10h30, on termine de s’apprêter avec les copains pour marcher en direction du monastère, qui se situe à environ 3 kilomètres à la sortie de la ville de Sighnaghi. Piotr nous propose alors à l’initiative de Noukri, son ami et voisin, d’aller visiter une fromagerie géorgienne. Why not, on accepte, ça semble être une superbe opportunité ! On se met en route, les sacs à dos chargés de livres, aquarelles, jeux de cartes et dés pour une journée farniente dont on rêve depuis une semaine.

Une fois sur place on nous dit d’attendre dans une pièce… On nous apporte l’équipement parfait du fromager : tablier, charlotte et gants en latex. On enfile tout ça et la suite se passe dans la salle d’à côté. Les filles s’installent avec le «cheese master» (il y a bien le chacha master, alors quoi ?!) pour malaxer la pâte de fromage et remplir des paniers passoires qui servent de moules. Quant aux gars, ils s’arment d’appareils photo pour immortaliser ces instants. Une fois cette première étape terminée, on visite la «crypte» climatisée où baignent les fromages dans une eau salée, puis on passe dans la salle d’attente, avisés que 3h plus tard on pourrait suivre la seconde étape. Vous avez dit guet-apens ? C’est alors que sur la table déambulent fromages frais, pots de yaourt à gogo, pains, khatchapouri, carafe de vin blanc, glaces… Comme la tradition l’exige, on toaste trois fois, puis encore et encore jusqu’à une quinzaine de fois ! Ce jour-là, notre Tamada sera le propriétaire des lieux. 3h plus tard, on assiste à la transformation de ce fromage en une sorte de mozzarella. Bref vous l’aurez compris, 5h après on ressort pompette et fatigués !

Processus de fabriction du fromage

Table pleine de nourriture

L'équipe de la fromagerie nous sert à boire et à manger

Mais ça ne s’arrête pas là, car Noukri a une autre surprise pour nous… tout est arrangé, on part chez sa belle-soeur pour apprendre à cuisiner les khatchapouri qui nous ont tant fait baver ce midi ! Guet-apens ?

Mais Piotr n’a pas dit son dernier mot question guet-apens et il embarque les gars pour arroser ses vignes, tandis que les filles montent dans la batmobile de Noukri pour un moment plus girly, entre femmes, avec sa belle-soeur et 3 jeunes filles qui parlent excellemment bien l’anglais !

Nukri nous a appris à faire quelques salades

Et si on apprenait à cuisiner les khatchapouri ? Et puis comme ça faisait quelques heures qu’on n’avait pas mangé et bu, arrivent sur la table biscuits maison, melons et pêches. Tout ça n’étant que meilleur avec un verre à la main, on voit arriver une boisson « légèrement » alcoolisée concoctée parla maîtresse de maison à base de chacha (what esle ?!) d’orange et de café ! Surprise ! On trinque avec des demoiselles âgées de 13 à 15 ans ! Et elles jouent aussi bien le rôle de Tamada que les hommes, qu’il s’agisse de porter un toast ou de finir leur verre cul-sec ! Pas le temps de finir ni bouteille ni plats, Noukri nous fait signe qu’il est temps de s’en aller pour se rendre chez un ami qui a besoin de conseils HelpX pour lancer sa guesthouse ! Guet-apens ?

Aline observée par toute les demoiselles

Après un échange en anglais pour tenter de comprendre ce qu’on fait là, Julie s’arme de patience pour créer un profil HelpX à la famille ! Youhou on va pouvoir rentrer, packer nos affaires, digérer si besoin et dormiiiiiiir ! Et puis quoi encore ?! On est en Géorgie ou pas ! Passons à table pour se « régaler » (à ce stade-là parle-t-on encore de régal ?) des multiples mets qui sont passés devant nos yeux, préparés par la femme de la maison et buvons tous ensemble à nos pays, à la paix, la santé, la nature, l’amitié, nos ancêtres, aux femmes, et bien d’autres raisons saupoudrées de poésie, toutes aussi bonnes pour picoler ! Parce qu’ici, si on ne toaste pas on ne boit pas ! Et de la main droite s’il vous plaît !

Ahhh l’hospitalité et la convivialité géorgienne à toute épreuve va nous manquer ! Et souvenez-vous ce matin, on partait pour visiter un monastère… Et bien figurez-vous que cette guesthouse se trouvait juste en face ! Comme quoi tous les guest-apens mènent à… l’église ! On se souviendra de cette dernière journée à Sighnaghi, durant laquelle on a laissé tomber nos cartes, lectures et aquarelles ! Et certains ont même été lâchés par leurs estomacs ! Demandez à Sylvain… Mais ça c’est une autre histoire ! »